Triste depart

Dans sa minuscule chambre d’une auberge de Hurlevent, Ancia Noirsang peignait ses longs cheveux roux avec un simple mais jolie petit peigne ouvragé qu’elle emmenait partout avec elle. Cette tache, elle l’accomplissait chaque matin avec un soin tout particulier, mais ce matin là, elle le faisait machinalement, sans la moindre attention. Ce qui s’était passé la veille la hanté.

Elle avait reconnu, de loin, le bateau d’Althair,le frère jumeau de Larkin, jusque la rien d’important vu que ce dernier était amiral de l’Alliance, mais en s’approchant discrètement, elle avait entendu une conversation des plus inquiétante : un navire avait fait naufrage et Althair comptait se rendre à Gilneas pour rendre un tabard de l’un des noyés.
Coïncidence ? Elle en doutait.
Installée derrière des caisses de ravitaillement, elle avait vu des hommes descendre le corps d’un félin, une bête magnifique qu’Ancia avait immédiatement reconnu : shina.
La dépouille de la pauvre bête était déjà en état de décomposition, Ancia en avait été réellement attristé. Une tragique fin pour cet animal courageux qui avait suivi sa maitresse partout où elle allait.
Mais si Shina était dans un si piètre état, cela pouvait aussi annoncer une chose : Alaera devait surement être morte à l’heure actuel. Rare était les Worgen qui survivaient a cause de leur fourrure, trop lourde au contact de l’eau. Un véritable piège.
Pour s’assurer de ce fait, de cette disparition dont elle refusait la réalité, elle avait dû ruser pour monter sur le navire et voir de ses propres yeux le tabard de la Fierté.
Ses craintes avait été confirmer… Alaera avait rejoins les ombres de la Mort.
Par la suite, elle n’eut pas le temps de s’en préoccupait d’avantage, Althair l’avait reconnu et manqué de peu de la mettre à fond de cale. Si Jack Campillo, son actuel garde du corps et protecteur, n’était pas intervenu, elle serait en ce moment même les fers aux poignets, navigant pour les terres de Gilnéas et sa trop célèbre prison.

Maintenant en sécurité, Ancia se demandait comment réagir. Fallait il prévenir Albertan ou Alceir de sa découverte ? Devait elle simplement pleurer la mort d’une veille amie ?
Au vu des derniers événements, c’était la dernière chose à faire.
Sur le coup, elle se trouva pitoyable : elle était incapable de se laisser aller au sentiment qui l’a submergé.
Par les Ombres, était elle donc devenu à ce point insensible ?! Pourquoi ses larmes ne coulaient pas ? Pourquoi n’éprouvait elle pas autant de tristesse qu’elle le devrait ?
D’un geste rageur, elle jeta le peigne contre le mur, se dégoutant elle même.

Pendant deux longues heures, toujours assise devant son miroir, Ancia repensa à Alaera, ce qu’elles avaient vécu, leur rencontre, leurs discutions… ses dernières parole :
- La prochaine fois, je ne ferais aucune différence.

Ces mots remplis d’avertissement, Ancia y avait à peine fait attention, mais maintenant, il était clair que la jeune Gilnéene ne pourrait plus accomplir ses menaces.
Seul restait Albertan et Alceir.

En fin de compte, son pays natal n’avait pas besoin de sa haine, il se mourrait lentement et sans l’aide de personne. Bientôt, il n’y aurait plus grand monde pour le défendre de son inévitable destruction.

Dans un dernier geste de remord et d’amitié, Ancia se servit un verre de vin et le leva :

- A ta mémoire, Alaera Derino. Puisses tu retrouver cette orpheline qui etait comme ta sœur et que ton âme soit désormais en paix.