Je regarde la voute céleste, couchée sur la plage non loin du mur de Grisetête, en entendant le bruit des vagues et des mouettes, le cœur gonflé de tristesse, l’âme en peine, les yeux rouges d’avoir trop pleuré. Durant toute la nuit, je n’ai cessé de couler des larmes de deuil d’un amour qui avait enchanté mon existence, un amour dont je n’ai pas su me défaire même en aimant un autre.
C’est fini. Tout est enfin fini. Une page était tournée… définitivement.
Pour une fois, l’absence de Raizenn est un réconfort, je ne voulais pas le voir ce soir ou même dans les jours à venir, je le retrouverais juste la veille du mariage. J’ai besoin de temps pour dire au revoir au passé.
Hier soir, Arranon m’a exprimé son désir de changer et ce qu’il comptait faire. Sur le coup, je me suis senti prisonnière d’un horrible sentiment d’abandon, pourtant je suis restée impassible, ne souhaitant pas pleurer devant toi. Je t’ai demandé un dernier baisé et tu me l’as accordé. Je t’ai libéré de mon amour, tu en as fait de même. Nous sommes libres. Mais je sais que cet amour ne partira pas aussi facilement. Il faudra du temps, beaucoup de temps… non, pour moi, même le temps sera inefficace.
Je t’appartiens cœur, corps et âme, je ne t’avais pas menti cette nuit la, c’est la vérité. Je ne pourrais pas l’effacer. Mais je mentirais quand je poserai bientôt les yeux sur toi. Je te montrerais une femme qui aimera son époux avec passion, afin que tu n’ais plus de regret.
Sois heureuse avec Raizenn
Le pourrais-je vraiment ? Il possède une moitié de mon cœur et toi l’autre. Une partie est prisonnière d’une couche de glace que tu as déposé en me possèdent pour la première fois. Je ne pourrais pas l’enlever.
Élève bien nos enfants
Oui, tu as ma parole, j’élèverais nos louveteaux de mon mieux. Je ne suis pas inquiète, ils sont le fruit de nous deux, ils seront s’en sortir. Neagan le premier. Ils seront forts, rusés, têtus… et je veillerais sur eux. Je n’élèverais pas des faibles. Pas ces enfants qui viennent de toi.
Ne me fait pas regretté d’être revenu
J’ai compris ce que tu veux, j’ai compris le sens de ta phrase.
Tu n’auras pas de regret, c’est ma promesse.
Je me lève, le visage sec, l’âme plus en paix. Je regarde la mer en inspirant longuement, et je prends une décision, celle de ne plus être ta louve. C’est fini. Enfin.
- Si je ne m’active pas, il n’y aura pas de mariage ; dis-je en souriant doucement. Il ne va pas se faire tout seul. Je me demande si Alceir voudra bien nous servir de prêtre ? hum, ca vaut le coup de tenter.
Je dis adieu à ton amour, Arranon, et merci pour tout.